Les mémoires des psycho-traumatismes

Extrait du livre « Enlever les mémoires transgénérationnelles avec l’homéopathie », Bernard Biardeau, Ed Médicis

La quintessence de ce chapitre est extraite des articles du Dr Muriel Salmona site Internet www.memoiretraumatique.org
Une prise en charge des mémoires psycho-traumatisques permet de relier les symptômes psycho-traumatiques aux violences anciennes, d’en comprendre les mécanismes, de les contrôler puis de s’en libérer.

Description

Il s’agit de troubles psychologiques fréquents (environ 5 à 6 % pour les hommes, 10 à 13 % pour les femmes), durables (quelquefois pendant une vie entière), qui vont peser lourdement sur la santé des victimes traumatisées et sur leur avenir affectif, social et professionnel. Ces troubles sont méconnus parce qu’ils sont généralement associés à des troubles organiques et donc difficiles à diagnostiquer.

On distingue deux types de psycho-traumatismes :
Les psycho-traumatismes de type I quand l’événement est unique.
Les psycho-traumatismes de type II quand l’événement est répété ou durable.

Les différentes origines  des psycho-traumatismes

Elles sont multiples et peuvent être intentionnelles ou non.

Traumatismes non intentionnels :
Catastrophes naturelles et industrielles.
Accidents, incendies, faillite.
Deuils violents, maladie grave.
Traumatismes intentionnels :
Violences collectives : d’états, guerres, génocides.
Violences extérieures : délinquance, agressions, viols, prises d’otages, attentats, homicides.
Violences institutionnelles, au travail.
Violences intrafamiliales : maltraitance, inceste, violences conjugales.

Les mécanismes des psycho-traumatismes

Une violence (douleur, peur…) à laquelle on ne peut pas échapper crée un stress extrême et une forte réponse émotionnelle qui entraîne un risque vital cardio-vasculaire et neurologique par « survoltage« , comme dans un circuit électrique. Pour arrêter ce risque fonctionnel, le circuit neuronal « disjoncte » automatiquement grâce à la sécrétion de drogues dures sécrétées dans le cerveau (endorphines à hautes doses et drogues « kétamine-like »).
Cette déconnexion « éteint » la réponse émotionnelle et entraîne une anesthésie physique et psychique (par exemple, l’adulte qui a oublié une partie ou la totalité de son enfance), un état dissociatif (conscience altérée, vie dans un monde imaginaire, dépersonnalisation, être spectateur de soi-même) et des troubles de la mémoire, dont une mémoire traumatique : « hypersensibilité émotionnelle » piégée, isolée par la déconnexion, qui n’a pas été intégrée « dans le disque dur du cerveau ». C’est une véritable bombe à retardement, prête à « exploser » à l’occasion de toute situation rappelant les violences, en redéclenchant la même terreur, la même détresse, les mêmes sensations, de façon incompréhensible quand on ne connaît pas ce phénomène.
La vie devient alors un terrain miné et pour éviter de déclencher la mémoire traumatique, le patient est obligé de mettre en place des conduites d’évitement. Mais quand les conduites d’évitement ne suffissent plus, souvent seules des conduites dissociantes peuvent calmer l’état de détresse.

A Les conduites d’évitement

L’évitement est un comportement de défense mis en place pour ne pas se trouver confronté avec une situation redoutée. On retrouve souvent ce comportement chez les personnes souffrant de phobie ou de trouble obsessionnel compulsif (TOC). Des séquelles de psycho-traumatismes en sont souvent la cause principale. Hélas, ces conduites peuvent être lourdes de conséquence quand elles mènent à une forte procrastination. Alors, il est possible d’observer un échec professionnel ou affectif, voire les deux, ce qui peut mener à un échec social, RSA (revenu de solidarité active) en France ou BS (bien être social) au Québec. Heureusement toutes les conduites d’évitement ne mènent pas à un échec aussi prononcé.
A titre d’exemple, voici quelques situations de la vie courante qui doivent faire penser à  des conduites d’évitement :
  Arrive toujours en retard.
  Fait tout à la dernière minute, voire en retard :
Faire son courrier ou payer ses factures.
Déclaration d’impôts.
Cadeaux de Noël achetés le 24 décembre.
Cadeau d’anniversaire offert après l’anniversaire.

B Les conduites dissociantes

Il s’agit de redéclencher la disjonction du circuit émotionnel en augmentant le niveau de stress (par des conduites agressives et/ou auto-agressives, des conduites à risques, dangereuses, des conduites addictives) ce qui va entraîner une anesthésie affective et physique, une dissociation et calmer l’angoisse, mais va recharger et aggraver encore plus la mémoire traumatique et créer une dépendance aux drogues dures sécrétées par le cerveau.
Ces conduites dissociantes qui s’imposent sont paradoxales et déroutantes à la fois pour les personnes victimes de violences et pour les professionnels qui s’en occupent quand ils n’ont pas été formés pour les reconnaître. Elles sont responsables de sentiments de culpabilité et d’une vulnérabilité accrue face aux agresseurs.
Il existe deux manières de recréer cet état de dissociation :
1)  Par le survoltage : il faut augmenter le niveau de stress, soit par des conduites dangereuses qui reproduisent le traumatisme initial, soit par des conduites auto-agressives (se faire mal, automutilations, se mettre en danger, stress au travail), soit par des conduites hétéro-agressives (système agresseur)‏.
2) Par adjonction de drogues dissociantes externes : alcool, drogues. Les psycho-traumatismes sont à l’origine de consommation d’alcool chez 52 % des hommes et 28 % des femmes et de consommation d’autres substances psycho-actives chez 35 % des hommes et 27 % des femmes.

L’homéopathie et les psycho-traumatismes

A – Quelques symptômes traduits en rubriques homéopathiques

La plupart des symptômes des psycho-traumatismes peuvent être mis en relation avec des rubriques homéopathiques du chapitre PSYCHISME du répertoire de Kent.

1 – Violence intérieure

PSYCHISME – AUTOMUTILATION
PSYCHISME – COLÈRE
2 – Conscience altérée, dépersonnalisation, être spectateur de soi-même
PSYCHISME – CONFIANCE EN SOI, manque de
PSYCHISME – CONFUSION
PSYCHISME – EFFRAYÉ facilement
PSYCHISME – HUMEUR changeante
PSYCHISME – HYPOCHONDRIAQUE
PSYCHISME – ILLUSIONS
3 – Réminiscences intrusives
PSYCHISME – CHAGRIN
PSYCHISME – CULPABILISATION
PSYCHISME – MALVEILLANT, rancoeur, ressentiment
4 – Abus sexuels
PSYCHISME – HUMILIATION
PSYCHISME – INCESTE
5 – Stress extrême et forte réponse émotionnelle
PSYCHISME – PEUR
PSYCHISME – PLEURER
PSYCHISME – RENFERMÉ
PSYCHISME – SUSPICIEUX, méfiant
PSYCHISME – SYMPTÔMES mentaux alternant avec symptômes physiques
PSYCHISME – TACITURNE
PSYCHISME – TRISTESSE, dépression mentale
6 – Conduites de contrôle
PSYCHISME – AUTORITAIRE, dominateur
7 – Trouble obsessionnel compulsif (TOC)
PSYCHISME – CONSCIENCIEUX  pour des broutilles
PSYCHISME – TATILLON
8 – Troubles de la mémoire et de la concentration
PSYCHISME – CONCENTRATION difficile
PSYCHISME – DISTRAIT
PSYCHISME – LENTEUR de compréhension
PSYCHISME – OUBLIEUX
PSYCHISME – PROSTRATION intellectuelle
9 – Mémoire traumatique
PSYCHISME – APPRÉHENSIONS
PSYCHISME – FRAYEUR, suite de
PSYCHISME – SURSAUTER (Voir Effrayé, Peur)
PSYCHISME – TRAUMATISMES mentaux

B – Stratégie homéopathique face aux psycho-traumatismes

Bien évidemment, il est nécessaire d’avoir une vision globale de l’histoire de la personne pour permettre tout au long du suivi de :
Dissoudre les conséquences (stress, peurs, conduites d’évitement et de contrôle).
Rééquilibrer le terrain.
Nettoyer la cause.

1 – Pour commencer

La notion de psycho-traumatisme est assez difficile à trouver lors du premier entretien parce que, comme des rituels de protection ont été élaborés, la personne dit venir pour un déséquilibre bénin. Pourquoi ne pas la croire ? C’est grâce à la recherche du Simillimum que certains pièges mis inconsciemment par le client peuvent être évités.
NB : les remèdes suivants, donnés à titre d’exemple, ne peuvent être retenus comme un protocole puisque chaque cas est particulier.

A – Enlever les « conduites de contrôle »

Si pour un traumatisme physique, il est souvent préférable de commencer par le remède de cause, ex Arnica pour une « suite d’accident », avec les psycho-traumatismes vouloir commencer ainsi mène souvent à un échec parce que des rituels de protection ont été élaborés pour diminuer la souffrance comme le décrit si bien la Dr Muriel Salmona (25) quand elle parle de « conduites de contrôle ». Aussi, les remèdes de causes restent souvent sans effet tant que ces conduites de contrôles n’ont pas été éliminées.

Lachesis, dont les cinq premières lettres sont LACHE, est le maître-remède qui permet d’agir sur ces rituels de contrôle. Il peut être judicieux de le donner en première intention, même s’il n’y a aucun symptôme physique de ce remède. Ainsi, une dynamisation très élevée (10, 50 ou 100 000 K) une seule fois, ouvre le cas et permet à la personne de lâcher, du moins en partie, ses rituels de contrôle mis en place depuis des années. Aussitôt après ce remède, un suivi homéopathique régulier, et idéalement psychothérapique, est indispensable pour répondre aux nouveaux symptômes qui vont obligatoirement apparaître. Lachesis en dynamisation très élevée sera à répéter plusieurs fois au cours de l’année, tous les 3 mois si nécessaire. Il est toujours préférable de le donner sur place. À défaut, la dose donnée en attente et à prendre à une date précise risque   très souvent « d’être oubliée ».

Après cette dynamisation élevée, il est utile de :
Diminuer le stress,
Recharger le système nerveux,
Dissoudre lentement la colère
Enlever la culpabilité, diminuer les réminiscences intrusives pour permettre l’oubli.

B – Pour diminuer le stress
Une semaine sur deux, du lundi au vendredi :
Nux vomica 15 CH, le matin
Ignatia 15 CH, au coucher.

Cette petite « formule antistress » est valable pour tous et pour tout type de stress, à condition que son utilisation ne soit que passagère.

C – Pour recharger le système nerveux
Une semaine sur deux, du lundi au vendredi :
Phosphoric acidum 15 CH, le matin,
Cocculus 15 CH, au coucher (pour aider à l’endormissement ou nettoyer des suites de manque de sommeil).

D – Pour dissoudre lentement la colère
Un mercredi matin sur deux, en alternance :
Staphysagria 30 CH
Ipeca 30 CH

E – Pour enlever la culpabilité, diminuer les réminiscences intrusives et permettre l’oubli
Un samedi matin sur deux, en alternance :
Natrum muriaticum 200 K
Causticum 200 K.
Rien le samedi soir et le dimanche.

2 – Le suivi homéopathique au long cours

Pour nettoyer les séquelles d’un psycho-traumatisme, le suivi homéopathique sera toujours long, de 1 à 3 ans en moyenne. Les entretiens sont mensuels pendant quelques mois, puis de plus en plus espacés. Pendant ce suivi au long cours, il est nécessaire de gérer l’acquis et dans le même temps de :
Rééquilibrer le terrain
Permettre l’ouverture à une nouvelle vie
Enlever les mémoires potentielles suites à l’anesthésie
Diminuer la procrastination
Enlever ou diminuer les peurs excessives ou injustifiées
Diminuer, voire supprimer les TOC.

A – Rééquilibrer le terrain

Des remèdes de constitution sont bien évidemment nécessaires. Ils sont variables selon la personne, l’âge et le sexe. Ils vont permettre une meilleure action des remèdes qui ciblent les conséquences du psycho-traumatisme.

B – Permettre l’ouverture à une nouvelle vie

Carcinosinum et Natrum Muriaticum sont deux remèdes complémentaires.
Carcinosinum peut libèrer du carcan créé par le traumatisme initial tandis que Natrum Muriaticum, le sel de mer, « décristallise » le mental aussi bien que le physique. Un nouveau départ est donc possible.

C – Enlever les mémoires potentielles suites à l’anesthésie
Le remède le plus souvent indiqué est Opium. Quelquefois, une seule dose très élevée (100 000 K) peut suffire.

D – Diminuer la procrastination
C’est une conduite difficile à rééquilibrer. Les deux rubriques les plus importantes à consulter sont :
PSYCHISME – ABANDON
PSYCHISME – INDÉCIS, hésitant

E – Enlever ou diminuer les peurs excessives ou injustifiées
La rubrique, PSYCHISME – PEUR comporte plus de 6 pages dans lesquelles sont répertoriées la plupart des peurs de la vie courante.

F – Diminuer, voire supprimer les TOC.

Les deux rubriques les plus importantes sont :
PSYCHISME – CONSCIENCIEUX pour des broutilles : 40 remèdes dont 5 au 3e degré : ars., ign., sil., sulph., thuy.
PSYCHISME – TATILLON : 15 remèdes dont 2 au 3e degré : carc., med.
Les remèdes se choisissent en fonction du tempérament de la personne ainsi que du TOC incriminé, par exemple :
Arsenicum album : Rempli de rituel par rapport à la propreté, la contagion, la peur de la maladie et de la mort. Comme cette femme qui rapportait que l’un des ses jeux d’enfance était …d’aller nettoyer les tombes du cimetière. Arsenicum album est le maître remède quand le psycho-traumatisme est en rapport avec un deuil.
Bryonia et Calcarea fluorica : « Parlent en permanence de leur argent ».
Carcinosinum et Platina : Besoin de quelque chose d’exceptionnel comme « ne peut boire son café que dans une tasse en porcelaine d’origine très rare » ou ne veut porter que des vêtements de qualité exceptionnelle.
Mercurius et Kreosotum : Les soins aux dents peuvent durer deux à trois heures par jour.
Silicea : Compulsion à compter (le nombre de marche, ses pas dans la rue, le nombre de présent à une soirée…).

Les commentaires sont clos.